Autre manipulation

 

Je vous conseille de faire très attention aux traductions, lesquelles peuvent vous induire gravement en erreur.

Exemple : Si vous lisez la traduction[1] du sommaire du Sahih de Mouslim à la page 190 et au numéro 317, vous y lirez ce qui suit : « Le Prophète a dit : « Celui qui fait les prières surérogatoires au mois du Ramadan (Tarawhir) en pleine foi et conviction ses péchés antérieurs lui seront pardonnés. »

Cela sous-entend donc, que le Prophète faisait les Tarawhir puisqu’il est précisé, entre parenthèses : « Tarawhir ». Alors que, bien sûr, cela est faux. Puisque à la lecture du texte version arabe, le mot « Tarawhir » n’existe pas. On a en effet, traduit les mots « veillées nocturnes » (قيام الليل) par « Tarawhir » ! Ce qui, bien sûr, en change totalement le sens. Ainsi, on veut faire croire aux musulmans que le Prophète a accompli et recommandé de faire les Tarawhir, et cela exactement comme elles sont accomplies de nos jours ! Ce qui est, bien sûr, absolument faux.

Nous savons que : « veillées nocturnes » (قيام الليل) ne veut pas forcement dire : « prières », et moins encore « Tarawhir », en tout cas telles qu’on les connaît aujourd’hui. Effectivement, on peut veiller durant le mois du Ramadan en lisant par exemple le Coran, faire des invocations, des évocations, ou encore lire des livres religieux, etc. Alors, comment, à partir des mots « veillées nocturnes », a-t-on pu passer à « Tarawhir » ? Surtout lorsque l’on sait parfaitement que citer le mot : « Tarawhir » induira forcément les musulmans en erreur, parce qu’ils établiront, immédiatement et immanquablement, un parallèle avec les Tarawhir telles qu’elles sont pratiquées de nos jours, c’est-à-dire à la mosquée. De plus, il faut également savoir qu’à la lecture du sommaire du sahih de Mouslim, traduit en français, y figure un chapitre intitulé : « Tarawhir », un chapitre très court puisqu’il comprend trois hadiths.

Le premier texte figurant dans ce chapitre est celui qui a été cité plus haut, et qui fut traduit d’une façon, et c’est le moins que l’on puisse dire, très particulière. Le second est identique à celui qui a été cité, et qui est rapporté par Boukhari, à savoir :

Aïcha a rapporté : « Une certaine nuit l’Envoyé de Dieu - que Dieu lui accorde Sa grâce et Sa paix - fit une prière à la mosquée et les musulmans firent la même prière. La nuit suivante, il fit de nouveau cette même prière et ils l’imitèrent. À la troisième nuit et la quatrième nuit, les fidèles se rassemblèrent (pour faire cette prière), mais l’Envoyé de Dieu - que Dieu lui accorde Sa grâce et Sa paix - ne se rendit pas à la mosquée. Le matin de la quatrième nuit, il leur dit : « J’ai vu ce que vous avez fait. Ce qui m’a empêché de vous rejoindre, c’est que j’ai craint que cette prière ne devienne une obligation pour vous[2]. »

Nous constatons, que le comportement du Prophète, n’a, non seulement, rien à voir avec les Tarawhir, mais bien plus, il les contredit ! Le troisième texte évoque la nuit du destin. Il n’y a donc aucun rapport, une fois de plus, avec les Tarawhir. Alors, comment a-t-on pu réussir cet « exploit » : écrire un chapitre sur un sujet (Tarawhir), alors qu’il n’existe aucun hadith sur les Tarawhir ! Enfin, il faut savoir que concernant ce même sommaire de Mouslim, on s’est permis de ne traduire que le hadith ci-dessus cité, à savoir :

Aïcha a rapporté : « Une certaine nuit l’Envoyé de Dieu - que Dieu lui accorde Sa grâce et Sa paix - fit une prière à la mosquée et les musulmans firent la même prière. La nuit suivante, il fit de nouveau cette même prière et ils l’imitèrent. A la troisième nuit et la quatrième nuit, les fidèles se rassemblèrent (pour faire cette prière), mais l’Envoyé de Dieu - que Dieu lui accorde Sa grâce et Sa paix - ne se rendit pas à la mosquée. Le matin de la quatrième nuit, il leur dit : « J’ai vu ce que vous avez fait. Ce qui m’a empêché de vous rejoindre, c’est que j’ai craint que cette prière ne devienne une obligation pour vous. »

Alors, que ce hadith est, comme on le verra ci-dessous, amputé. Puisque, Mouslim dans sa version intégrale, donc en arabe, rapporte, lui aussi, tout comme Boukhari et bien d’autres, le hadith suivant :

Zaïd ben Tsâbit a dit : « L’Envoyé de Dieu avait installé, pour s’isoler, une sorte de pièce entourée de nattes. Il s’y rendit pour faire la prière ; quelques fidèles l’y suivirent et vinrent prier avec lui. La nuit venue, ces fidèles revinrent à la même place ; mais l’Envoyé de Dieu, après s’être fait attendre, ne venant pas, les fidèles élevèrent la voix et frappèrent à sa porte avec un caillou. L’Envoyé de Dieu sortit aussitôt en colère et leur dit : « Vous ne cesserez donc pas d’agir comme vous l’avez fait, en sorte que je crains que votre faute ne soit inscrite à votre encontre ? Vous devez faire la prière chez vous, car la meilleure prière pour le fidèle est celle qu’il fait chez lui ; il faut en excepter la prière canonique. » (Boukhari & Mouslim entre autres.)

Ce qui change absolument tout ! En effet, si l’on cite uniquement le hadith où le Prophète aurait dit: « J’ai vu ce que vous avez fait. Ce qui m’a empêché de vous rejoindre, c’est que j’ai craint que cette prière ne devienne une obligation pour vous », on pensera, en toute sincérité et logique, que le Prophète n’a jamais interdit ou même déconseillé la prière dite de Tarawhir, puisqu’il aurait simplement dit : « J’ai vu ce que vous avez fait. Ce qui m’a empêché de vous rejoindre, c’est que j’ai craint que cette prière ne devienne une obligation pour vous. » En conséquence de quoi, à la lecture de ce hadith, le Prophète n’aurait absolument pas interdit les Tarawhir, il aurait juste craint que cette prière ne devienne une obligation. Donc, celui ou celle qui souhaite accomplir les Tarawhir, qu’il ou elle le fasse !

Or, cela est complètement inexact. Puisque comme on l’a vu, le hadith intégral, lequel est rapporté par Boukhari et Mouslim, dit entre autres : « Vous ne cesserez donc pas d’agir comme vous l’avez fait, en sorte que je crains que votre faute ne soit inscrite à votre encontre ? Vous devez faire la prière chez vous, car la meilleure prière pour le fidèle est celle qu’il fait chez lui ; il faut en excepter la prière canonique[3]. »

Et l’on conviendra parfaitement et sans crainte de tomber dans l’erreur, que contrairement au précédent, ce hadith interdit, clairement et fermement, aux musulmans de faire les Tarawhir au sein de la mosquée ! Et c’est bien sur ce hadith que l’on doit fonder notre jugement et donc notre pratique, puisque intégral et authentique. Cependant, il n’a pas été traduit et donc pas cité, ce qui est absolument consternant ! On égare les musulmans, en leur mettant sous les yeux des hadiths amputés, lesquels les induiront inévitablement en erreur. Agir de la sorte, n’est, ni plus ni moins, dans le meilleur des cas, de l’ignorance extrême, dans le pire, de la manipulation. Parce que, lorsque l’on décide de traduire un livre de source, donc de témoignage, on ne doit en aucun cas amputer les différents témoignages y figurant, sinon cela engendre ce que l’on a vu. Ou bien, l’on traduit tous les hadiths sur la même question, ou bien, l’on ne traduit aucun d’eux. Parce que si l’on sélectionne les hadiths que l’on va traduire sur un même sujet, tout en occultant d’autres hadiths toujours sur le même sujet, on risque, comme c’est le cas ici, d’engendrer des catastrophes.

Nous savons qu’il existe en matière de hadith, de nombreuses variantes, amputations, etc. On ne peut donc, et en aucun cas, citer un hadith sans au préalable vérifier un certain nombre de points. Dont, entre autres, savoir si ce hadith est : amputé, varié, abrogé, contextuel, dénaturé, etc. (A lire ultérieurement : « Autopsie du hadith ». De ce fait, si l’on sélectionne, sur un même sujet, tel ou tel hadith aux dépens de tel ou tel autre, on impose, de fait, une conclusion qui ne sera pas forcément la bonne. Alors, que si l’on cite tous les hadiths sur un même sujet, le lecteur pourra se rendre compte par lui-même, qu’il existe différentes variantes et peut-être même contradictions, etc.

En conséquence de quoi, il en tirera lui-même la conclusion qu’il croira être la plus juste. Une des nombreuses règles théologiques consiste à éviter de ne citer qu’une partie du témoignage. Ou bien, on cite tous les hadiths sur un même sujet, ou bien, on ne cite aucun d’eux. Nul n’est autorisé à sélectionner les hadiths qu’il décidera ensuite de citer, afin de tirer une conclusion qui sera probablement erronée. On se doit d’abord de regrouper tous les hadiths sur le sujet traité, puis les étudier pour enfin pouvoir tirer la conclusion qui s’imposera. L’étude ainsi accomplie, déterminera de façon parfaitement impartiale pourquoi tel ou tel hadith fera autorité, et pourquoi tel ou tel hadith sera considéré comme inexact. Inexact parce que amputé, abrogé, varié, dénaturé, etc.

Et, justement, le hadith suivant, que l’on ne cesse de nous rabâcher, est amputé.

« J’ai vu ce que vous avez fait. Ce qui m’a empêché de vous rejoindre, c’est que j’ai craint que cette prière ne devienne une obligation pour vous »

Alors, je veux bien croire que certains Chiites ont innové et forgé de nombreux textes, mais il faut arrêter de les accuser à chaque fois qu’une réponse ne convient pas aux Sunnites du XXIe siècle ou plus exactement, aux néo-Sunnites.

Ce ne sont pas les Chiites qui ont inventé le mot : « louable » dans l’œuvre de Tabari, et cela, très probablement, pour blanchir Omar (عنه الله رضي) et dans le même temps, contrecarrer l’une des thèses Chiite. Laquelle, on le sait, affirme que les Tarawhir sont une innovation instituée par Omar fils de Khatab. Ce n’est pas, non plus les Chiites qui ont fait dire à Boukhari les propos suivants : « Vous ne cesserez donc pas d’agir comme vous l’avez fait, en sorte que je crains que votre faute ne soit inscrite à votre encontre ! Vous devez faire la prière chez vous, car la meilleure prière pour le fidèle est celle qu’il fait chez lui ; il faut en excepter la prière canonique[4]». Je tiens à dire, qu’en dépit de mon amertume à l’encontre des Chiites, je voudrais les remercier pour avoir dénoncé nombre de vérités et cela, même s’ils n’ont pas toujours apporté, du point de vue sunnite, une argumentation acceptable.

Très probablement, sans leurs dénonciations, je me serais encore égaré sur un grand nombre de sujets. En ce qui me concerne, je suis absolument convaincu que le «lobby savant sunnite» dissimule et manipule en parfaite connaissance de cause leurs disciples.

Dans le cas contraire, et s’ ils font partie des véridiques, alors, qu’ils nous expliquent, pourquoi, et au nom de quelle science, font-ils, et ordonnent-ils de faire, exactement le contraire de ce que le Prophète a dit ?

Après quoi, on jugera si, oui ou non, leurs arguments sont acceptables. En ce qui me concerne, et contenu de mon expérience, j’affirme qu’il s’agit bel et bien d’une manipulation orchestrée au plus haut niveau et pour des raisons d’ordre politico-doctrinal.

Mais attendons sagement leurs arguments…

Je poursuis.

Troublé par toutes ces informations, je décidai donc d’aller plus loin dans ma recherche en me référant à des sources plus sûres que celles de Tabari et surtout moins altérées. Et puisque le Sahih de Boukhari est considéré comme la source la plus fiable après le Coran, en tout cas pour les musulmans dits Sunnites, je décidai de vérifier dans ce même Sahih. Quel fut alors mon étonnement ! Si Tabari a été infiltré par des Chiites, et cela sous prétexte que ce sont sans doute eux qui ont fomenté l’accusation contre Omar en disant que celui-ci avait institué la prière dite de Tarawhir, que dire alors de ce qui est écrit dans le Sahih de Boukhari ?

Il ne s’agit alors plus d’infiltration, mais d’inondation ! Nous allons à présent analyser les livres de source, texte par texte, en apportant les commentaires qui s’imposent.

Nous verrons alors, de façon parfaitement claire, si, oui ou non, les Tarawhir sont une innovation. Et si, oui ou non, cette innovation va à l’encontre de l’enseignement du Prophète.




[1] Dar al Kotob Al Ilmiyah - Beyrouth Liban

[2] Extrait de « Le Sommaire du Sahih Mouslim - Volume 1 » (Mouslim, Editions Dar El-Fiker) ; Livre 6 : « De la prière du voyageur et sa réduction » ; Chapitre XXIV : « De l’incitation à faire les « tarawih » qui sont les prières surérogatoires au cours du mois de Ramadan » ; hadith n°318 ; (page 190).

[3] Boukhari & Mouslim

[4] Boukhari & Mouslim